ETAT PRIMITIF DE L’EGLISE SAINT CHRISTOPHE
L’église Saint Christophe est située au centre du village. L’édifice est de forme parallélépipédique, long de trente mètres, large de onze mètres (avec les chapelles comprises) et avec une hauteur sous voûte de onze mètres cinquante.
L’église est de style gothique languedocien avec une nef unique divisée en cinq travées. Les chapelles et la sacristie ont été ajoutées entre les contreforts du bâtiment.
Un clocher-porche se trouvant sur la façade sud a été construit dans un style néogothique au début du XXème siècle.
L’église de Lasbordes fut érigée sur un terrain rocheux jouxtant le château seigneurial. Cette parcelle était occupée, au XIIème siècle et peut être avant, par la chapelle castrale et un cimetière. Ensuite, ont été construit, sur cet emplacement, les communs du château qui abritaient des silos à grains. En 1989, lors de la réfection du carrelage du chœur, une série de silos creusés dans le roc et des tombes anthropomorphes (vestiges de l’ancien cimetière) ont été mis à jour. Cette découverte a permis aux archéologues de reconstituer les étapes de la construction de l’église et notamment l’abaissement du niveau du sol par l’aplanissement du rocher. Cet aplanissement a été réalisé lors de la construction de la nef.
La nef s’appuyait sur une imposante construction située sur le point le plus élevé du village, il s’agissait du donjon du château seigneurial. Les seigneurs délaissèrent cette tour et édifièrent un nouveau logis fortifié à l’ouest de l’église. Ce château fut en partie détruit lors des guerres de Religion au XVIème siècle. Cet emplacement appartint aux seigneurs de Lasbordes jusqu’en 1834 où il fut acheté par Arnaud et Marie Rives à Frédéric de Cavaihlès-Lasbordes. En 1858, la commune acquit le terrain pour le lotir.
Cette tour servit de clocher à l’église jusqu’en 1905. A cette date, cette tour fut partiellement détruite, seul les deux murs formant l’angle nord-ouest de l’église subsistent encore.
Quand on observe cette partie, on s’aperçoit que les moellons de grès gris sont soigneusement taillés et disposés en assise régulière assez mince, les pierres d’angle sont plus épaisses. D’après ces éléments d’architecture romane, la tour semble dater du XIIème siècle.
Figure 2 : Angle nord-ouest de l’église, vestiges de la tour romane.
A l’origine, la tour mesurait trente mètres de haut environ, elle se composait de deux salles voûtées superposées. La salle inférieure, par la nature de ses arcs romans et de ses ouvertures, fut certainement la chapelle du château.
Vers la fin du XVIIIème siècle ou au début du XIXème, on supprima la partie supérieure de la tour. Plus tard, en 1837, il fallut même, pour conserver cet édifice tronqué, démolir la voûte en pierre de la salle inférieure dont le poids avait produit un écartement sensible des murs. La tour fut réduite aux proportions d’un vulgaire clocher.
La commune de Lasbordes, ayant constaté que la démolition de la voûte ne donnait pas encore toutes les garanties de sécurité, décida de réduire la tour.
Celle-ci fut rasée à la naissance des arêtiers de la voûte démolie, les murs sud et ouest furent réunis avec des tirants en gros fer. Sur cette base consolidée fut construite une salle carrée pour servir de chambre aux cloches.
Pour ne pas surcharger la base, on donna aux murs de cette salle une épaisseur moindre, consolidés par quatre piliers en pierre aux angles. Le clocher mesurait alors vingt mètres de haut.
Actuellement, on peut noter la présence de deux ancrages superposés de voûte dans le mur ouest. Il s’agit des vestiges d’une petite tour représentée sur un plan cadastral de 1825. A cette époque, elle est nommée vieille tour et appartenait à Jean-François de Cavailhès dernier seigneur de la localité. Sous l’Ancien Régime, cette construction servait de prison à la commune qui l’entretenait bien qu’appartenant à monsieur de Lasbordes.
La nef, construite d’un seul jet de style gothique languedocien, fut bâtie contre le donjon seigneurial.
Cette nef, divisée en quatre travées, est soutenue par neuf contreforts (quatre au Nord, cinq au sud). Actuellement, seuls ceux de la façade sud sont en partie visibles. L’édifice est bâti en moellons de grés gris, la construction est plus soignée dans la partie orientale que dans la partie ouest.
A l’intérieur de l’église, quatre arcs-doubleaux reposent sur des colonnes engagées dans un dosseret dont les plinthes sont de plan quadrangulaire. Les chapiteaux sont simplement moulurés.
La charpente repose sur des arcs diaphragmes, la voûte de l’édifice était en planches et de forme plate. Ce lambris était peint en bleu et décoré de motifs. Ce plafond fut sûrement semblable à celui de la collégiale Saint Michel de Castelnaudary avant 1355.
Le portail d’entrée de l’église se trouve sur la façade sud entre les deux derniers contreforts. C’est l’entrée primitive de l’édifice qui a conservé son style gothique. Il se compose de deux voussures retombants sur des colonnettes, la moulure des chapiteaux forme un boudin. La base des colonnettes est ornée de denticules.
Ce portail est à la fois simple et élégant mais il est dommage qu’il ne soit pas mis en valeur. Un auvent formé par une voûte de pierre protégeait, jadis, l’entrée.
A l’origine, érigée sur le mur Est, une abside terminait le chœur. Cette construction, d’une largeur de six mètres quatre vingt, fut détruite et remplacée au XIVème siècle par un mur bâti, donnant au chœur un chevet plat.
Les traces d’arrachement du mur de l’abside sont encore visibles sur la façade extérieure (est) ainsi que les départs de la construction coté intérieur (actuellement cachés par un crépi ).
Dans la partie supérieure du chevet, s’ouvre un oculus ayant pour ornement une croix du Languedoc en pierre sculptée. Cette ouverture fut bouchée lors de la pose du retable en 1679.
Figure 3: Clef de voûte armoriée de la sacristie.
Afin d’agrandir l’église, on construisit les chapelles et la sacristie entre les contreforts de l’édifice à diverses époques.
On ne connaît pas les dates d’érection des chapelles (sauf celle de Saint Joseph en 1905) mais il semblerait qu’elles appartiennent à la fin du Moyen Age.
Sur la façade Nord, la sacristie et la chapelle Saint Eutrope sont élevées en même temps. La sacristie communique avec la première travée du chœur par une petite porte, alors que la chapelle Saint Eutrope s’ouvre sur la nef par un grand arc.
La sacristie est formée par une croisée d’ogives dont la clef de voûte est ornée d’un blason sculpté. Les ogives retombent sur quatre culs de lampes représentant un moine, un nain grimaçant, une chauve souris et un singe.
Le mur est percé d’une fenêtre étroite à lancette trilobée.
La croisée d’ogives de la chapelle Saint Eutrope, ornée d’une clef de voûte armoriée (trois billettes posées trois et un) retombe sur des piliers polygonaux. Cette chapelle a reçu une décoration plus raffinée.
La chapelle de la Vierge, bâtie également entre deux contreforts de l’église et s’ouvrant sur la troisième travée par un arc, est composée d’une croisée d’ogives qui retombe sur des colonnes.
La chapelle des Agonisants, la plus occidentale sur la façade Nord, fut élevée entre la chapelle de la Vierge et la tour-clocher. Le style de cette chapelle est gothique comme en témoigne la croisée dont la clef de voûte est décorée d’une croix dite «de Saint Georges » mais aussi par une petite niche polychrome mise à jour récemment dans le mur.
Les chapelles abritent les sépultures de familles bourgeoises de Lasbordes dont leurs membres furent marguilliers. Dans la chapelle de Saint Eutrope, se trouvent les sépultures des Fauré, les Raymond reposent dans la chapelle du Rosaire alors que les Lasouque (ou Lasouche) sont ensevelis dans la chapelle des Agonisants. Les curés et les seigneurs de Lasbordes reposent dans le sanctuaire de l’église.
Sur la façade sud, se trouvent deux chapelles, celle de Saint Joseph dont nous parlerons plus tard et celle du Christ (ou du Sacré Cœur).
Cette chapelle, bâtie entre deux contreforts, s’ouvre sur la nef au niveau de la deuxième travée. Les chapiteaux sont décorés de feuilles de chêne, sur le mur méridional, les arêtes de la voûte reposent sur des culs de lampes feuillus. Il semble que le mur extérieur fut remanié à l’époque Moderne.
Dans les archives de l’église, on relève l’existence de la chapelle du Purgatoire ou de Saint Jean-Baptiste. La voûte de cette dernière fut démolie en 1905, lors de destruction de l’ancien clocher. En effet, cette chapelle s’élevait dans l’angle formé par la tour-clocher et le mur occidental de la nef. Les murs extérieurs de cette chapelle existent toujours (angle sud-ouest de l’église).
La construction de cette partie est moins soignée que la partie orientale de l’église. De plus, on peut noter l’absence de contrefort à l’angle de cet édifice. Cette chapelle daterait de la seconde moitié du XVème siècle, car dans son testament de 1483, Robert Gineste, curé de Lasbordes, lègue un bréviaire, des linceuls et même une maison à l’usage du desservant de cet autel. Robert Gineste porte une attention particulière à cette chapelle et on peut supposer qu’il en soit le fondateur.