LA PAROISSE SAINT CHRISTOPHE DE LASBORDES

 

Les origines de Lasbordes (Villa Bordas) remontent au XIème siècle, il s’agit, en 1045 d’une donation à l’abbaye de Saint Hilaire (Aude). A la fin de ce siècle, il semble qu’un château soit bâti sur le point culminant du site à quelques mètres du Camin françès, chemin de crête très ancien.

Figure 1 : Chapiteau de la sacristie, moine.

 

Au cours du XIIème siècle, le castrum se restructure, une imposante tour est élevée et un village castral va se former autour de cette construction fortifiée mais aucune présence d’église dans l’agglomération n’est confirmée.

Il faut signaler qu’un Poncius capellanus de Lasbordes est cité en 1129 et 1136 mais il peut s’agir d’un chapelain habitant la localité.

A cette époque, plusieurs sites ecclésiaux environnants se partagent le terroir de Lasbordes. Les décimaires de Saint Martin de Pébrens et de Mézerac se situent respectivement à l’est et au nord de Lasbordes. L’église de Saint Sernin de Villenouvette se trouvait au sud du terroir lasbordais alors qu’à l’ouest est situé le décimaire de Sainte Marie de Bassens. Ces sites ecclésiaux périclitent peu à peu alors que Lasbordes prend de l’importance.

Les seigneurs laïcs sont sûrement à l’origine de la fondation de la paroisse de Lasbordes autour de leur château dans la deuxième partie du XIIème siècle. On prétend que Bernard de Saint Christol (Bernardius de Sancto Christoforo), seigneur du lieu est à l’origine de la dédicace de l’église Saint Christophe. Ce seigneur est aussi le fondateur de la chapelle Saint Christol à Fonters du Razès. (Aude).

La paroisse Saint Christophe apparaît, pour la première fois, dans un document daté de 1198.

Cette paroisse est constituée d’une partie des territoires des anciens décimaires qui ont été démembrés à son profit. Son terminium (territoire) comprend le village et les terroirs de Pébrens, La Rouquette et Mézerac. Ceci correspond au territoire communal actuel

 

Quant à l’église primitive, il est difficile de la localiser. On pense que la chapelle castrale est devenue église paroissiale. Il s’agissait alors d’un édifice roman situé à l’emplacement actuel de l’église et entouré d’un cimetière. Une autre hypothèse tend à situer la chapelle dans le donjon du château.

 

Au tout début du XIIIème siècle, Lasbordes est un foyer important de l’hérésie cathare. Arnaud Baudriga, seigneur du lieu, reconnu avoir été parfait pendant sept ans et fit un séjour à Montségur (Ariège) avant de revenir au sein de l’Eglise catholique grâce à saint Dominique. La femme et la fille d’Arnaud étaient également parfaites. Le chevalier Raymond de Villeneuve, le père d’Arnaud, tenait une maison de parfaits depuis au moins 1203. A Lasbordes, les communautés de parfaites sont nombreuses en 1205, les sœurs Pétrone et Dias dites las Rotgerias tiennent une maison.

Les époux, Stéphane et Bernarde Brezet, tous deux parfaits, élèvent dans l’hérésie leur fille Guilleme qui est ordonnée à l’âge de douze ans.

Mais le début de la croisade contre les Albigeois, en 1209 dans notre région, mis un terme à la religion des Bons Hommes à Lasbordes. Plus tard, le Languedoc fut rattaché à la couronne de France en 1271 lorsque Alphonse de Poitiers, comte de Toulouse, mourut sans héritier.

Dans la deuxième partie du XIIIème siècle, des bâtiments religieux sont édifiés ou reconstruits dans toute la région car l’Eglise veut encadrer la population laïque qui s’était, quelques années auparavant, détachée de la foi catholique au profit du catharisme. Dans le Lauragais, on érige l’église Saint Michel à Castelnaudary qui deviendra plus tard collégiale, des ordres religieux s’implantent dans cette ville. On reconstruit aussi le monastère Notre Dame de Prouille. L’encadrement de la population se poursuit avec l’érection de l’abbaye de Saint Papoul en évêché en 1317. Dans les lettres apostoliques de 1318, la paroisse De Bordis est citée, elle est réunie à la mense épiscopale de Saint Papoul.

C’est à la fin du XIIIème ou au début du XIVème siècle que l’église primitive de Lasbordes va disparaître au profit de l’édifice plus vaste que nous connaissons.