LES ETABLISSEMENTS RELIGIEUX

 

L’hôpital Saint Jacques

L’hôpital Saint Jacques de Lasbordes est situé extra muros au carrefour du chemin de crête anciennement Camin francès et de l’axe nord-sud allant de Saint Papoul à Pexiora (D71). Le bâtiment existe toujours, il est vaste. L’entrée, une porte cintrée, se situe au sud. Les fenêtres, protégées par des grilles, s’ouvrent sur les façades sud et ouest. Un contrefort soutient l’angle sud-ouest du bâtiment. Hélas, la toiture de l’édifice s’est effondrée vouant le bâtiment à la ruine.

Cet hôpital fut certainement fondé au XIVème siècle. La confrérie de Saint Christophe, composée de ses bayles, administrait l’établissement sans l’intervention apparente des consuls et du clergé. Ses revenus provenaient de legs comme celui, par exemple, de Jacques de Villeneuve co-seigneur de Lasbordes qui, en 1366, vend une rente à la maison Dieu et de Saint Christophe à la confrérie du lieu et à ses bayles. L’hôpital possédait comme biens, à la fin du XVIème siècle, une vigne, un champ à las Ginestes (métairie de la gleizo) et un bosquet. Cet établissement accueillait des infirmes et des vieillards mais aussi les pestiférés lors des grandes épidémies. Ce fut le cas en 1587 où la peste sévissait à Lasbordes.

En 1673, l’ordre de Saint Lazare effectue une visite à l’hôpital de Lasbordes, il note que l’établissement est « à demy découvert et demoly sans aucun meuble pour garder l’hospitalité ». Les Lazaristes révèlent que l’un des bayles ne sait pas signer. Les consuls de Lasbordes sont alors condamnés par la Chambre Royale à remettre l’hôpital en bon état, quant à l’ordre de Saint Lazare, il doit s’assurer de faire dire les services religieux suivant la fondation et d’exercer l’hospitalité.

Par une déclaration du 12 décembre 1696, Louis XIV prescrit l’établissement d’un hôpital général dans toutes les villes et gros bourgs du royaume. Par conséquent, les hôpitaux de Lasbordes, Bram et Saint Martin Lalande furent réunis à l’hôpital général de Castelnaudary ainsi Lasbordes n’a plus d’hôpital depuis 1696.

Il semblerait qu’après sa fermeture, l’établissement accueillait des gens de passage. Dans les registres paroissiaux des baptêmes de 1797, des prêtres réfractaires baptisaient des enfants en cachette au lieu dit l’hôpital, paroisse de Lasbordes ou dans la chapelle de cet hôpital.

L’édifice devint par la suite un bâtiment agricole, sur le cadastre de 1823, il appartenait à Joseph et Sophie Cavailhès de Toulouse.

 

 

 

Figure 24 : Ancien hôpital Saint Jacques de Lasbordes.

 

 

 

Le cimetière

 

 

 

Le cimetière de Lasbordes est situé en bordure du chemin de crête à 200m de l’église et à quelques pas de l’hôpital. Cette nécropole présente une éminence qui existait peut être à l’origine mais qui prouve son ancienneté. Face au cimetière, se trouvait la place du Mercadal où se tenait, jadis, le marché. Sur ce terrain, on érigea une croix en pierre en 1613 appelée croix du Mercadal.

Le cimetière porte le nom, au XVème siècle de Sancti Jacobi & Christofori (testament de Pierre Prat, marchand à Lasbordes, 1463). Saint Jacques étant le vocable de l’hôpital du lieu et Saint Christophe le patron de la paroisse, on peut supposer que l’hôpital avait un droit de sépulture dans le cimetière paroissial.

Le cimetière était un lieu de passage où les animaux pouvaient entrer. A Lasbordes, en 1775, le cimetière n’est pas clôturer, l’évêque, lors de sa visite, demande aux marguilliers d’entourer la nécropole de haies et de fossés. Il précise que l’ouverture du coté du levant sera refermée par un bon mur et qu’il sera fait une porte à l’entrée du cimetière. Par la suite, la commune s’exercera à clôturer le cimetière par un mur, tout d’abord du coté sud. D’importants travaux de clôture sont entrepris en 1875-77 par Malrieu, maçon à Lasbordes. En 1850, seule la partie nord n’est pas murée. Ce n’est qu’en 1897 que la municipalité termine de clôturer ce coté suite à des éboulis de terre dans les champs voisins. L’enceinte méridionale constitue un mur de soutènement s’opposant à une poussée de terre de deux mètres cinquante environ. De plus, des caveaux, bâtis contre ce mur, contribuent par leurs poids à augmenter cette poussée. Enfin, le fossé du chemin, tout près du pied du mur, fut une cause d’effondrement. Au début des années 1930, une partie de ce mur s’est effondrée sous l’effet des pluies hivernales. La commune dû remontée ce mur mais en 1940, des parties de la clôture se sont à nouveau effondrées. En 1941, cette muraille démolie fut reconstruite et soutenue par des contreforts pour assurer une parfaite solidité. Récemment, en 1981, des travaux d’agrandissement du cimetière furent réalisés coté nord.

 

Jadis, le cimetière était un terrain où l’herbe poussait entre les tombes. Cette herbe fut affermée au plus offrant par les marguilliers. Cette pratique a subsisté jusqu’au XXème siècle. On ébranchait également les ormeaux du cimetière et les marguilliers vendaient le bois.

Des documents du XIXème siècle nous apprennent qu’un endroit séparé dans le cimetière était réservé aux enfants morts sans baptême et aux non-catholiques.

Au centre du cimetière, s’élevait jusqu’en 1981, une croix en pierre dite du Mercadal. Lors des travaux d’agrandissement du cimetière, la croix fut démontée et replacée dans le cimetière neuf. Cette croix est en grès, elle repose sur un fût à cannelures reposant lui-même sur un socle de moellons bien taillés. Entre le fût et la croix, sur les deux faces, se trouve le monogramme du Christ IHS inscrit dans un ovale. La croix est tréflée, à l’intersection des deux branches, on remarque le millésime 1613 et sur le haut de la branche verticale est gravé INRI.

Sur le mur occidental du cimetière, se trouve deux croix L’une est discoïdale, l’autre est ornée d’une fleur de lys symbolisant le Christ. Dans le mur du midi, on peut voir une niche en pierre dont le fond est sculpté d’un arc trilobé. Au-dessus de cette dernière se trouve une croix en pierre. A mon avis, il s’agit d’une tombe d’un prêtre.

Le cimetière renferme les pierres tombales de Jean François de Cavailhès-Lasbordes, dernier seigneur de Lasbordes, décédé le 29 juin 1840 et de son épouse Louise de Thurin de Coudert. Cette tombe se situait dans la partie sud du cimetière, une ordonnance de Louis-Philippe Ier, roi des Français, datée de 1842, autorisait la commune de Lasbordes à concéder à perpétuité, à la famille de Cavailhès, deux mètres carrés de terrain pour y fonder la sépulture de cette famille. En octobre 1993, les pierres tombales furent déplacées à cause de l’aménagement d’un caveau. Elles furent remontées, au cimetière neuf, à coté de la croix du Mercadal.

 

L’école des filles

 

En 1860, la commune veut acquérir une maison destinée à établir des religieuses et de fonder une salle d’asile.

 

La maison de monsieur Antoine Estève semblait convenir à cet usage. Cette bâtisse se situe en bordure de la grand-rue à l’ouest du village. Elle est composée de trois corps. Une maison d’habitation comprenant un rez de chaussée, un étage et un galetas. Contiguë à cette maison se trouve une bâtisse rurale ayant une façade sur une cour, elle se compose d’une cave voûtée, d’un rez de chaussée et d’un grand espace sous comble servant de grange à fourrage. En face cette maison, de l’autre coté de la rue, se trouve un jardin et un vaste espace clos par des murs surmontés d’un comble ayant issue sur la rue par une large porte à deux vantaux.

Par un décret impérial daté du 22 juin 1861, la commune de Lasbordes est autorisée à acheter la maison et ses dépendances à monsieur Estève.

 

En 1862, sur les plans de l’architecte Galtier-Gervais, Pierre Razou, entrepreneur à Lasbordes, exécute les travaux de construction de la salle d’asile dans la bâtisse rurale donnant sur la cour. Il va donner à cet immeuble une belle façade percée de quatre portes-fenêtres cintrées.

 

Dès les travaux terminés, trois religieuses de la communauté de la Sainte Famille de Pezens s’installent. Elles ouvrent une école de filles et la salle d’asile à certains enfants. Mais l’existence de ce couvent, à Lasbordes, fut précaire. En 1886, certains conseillers municipaux réclament de remplacer l’institutrice Sœur Marie de la Trinité. D’après ces messieurs, la religieuse s’occupait davantage des affaires de l’église et se rendait régulièrement au presbytère. Elle délaissait sa classe où les progrès ne se faisaient pas sentir. De plus, la religieuse n’avait pas le brevet d’institutrice. Le conseil municipal demanda à la communauté de Pezens d’envoyer une religieuse qualifiée pour remplacer Sœur Marie de la Trinité. Le couvent n’a jamais répondu. Entre temps, une loi nouvellement votée, obligeait le remplacement des institutrices congréganistes par des laïques. Les religieuses de la Sainte Famille durent se retirer de Lasbordes en 1887 laissant la place à une maîtresse de l’école publique.

L’établissement demeura école des filles puis école des petites classes mixtes jusqu’en 1956, date de la construction du groupe scolaire (l’école des garçons, puis des grands se trouvait au rez de chaussée de la mairie).

L’école des filles et ses dépendances furent vendues par la commune de Lasbordes à monsieur André Razou, l’actuel propriétaire.