L’église de Lasbordes, depuis son érection, a subi plusieurs aménagements et restaurations qui lui donnent son aspect actuel. L’adjonction des chapelles entre les contreforts de l’église, la construction du mur du chevet et les diverses transformations de la tour-clocher dont nous avons parlé plus haut font partie de ces grands travaux.
LES AMENAGEMENTS DU XVIII EME SIECLE
En 1679, les marguilliers de l’église commandent un retable pour orner la totalité du mur du chevet. Ce nouveau décor est le point de départ de l’aménagement du sanctuaire qui commence en 1718 par la démolition des sièges du chœur. La même année, on délimite le sanctuaire du restant de l’église par une table de communion située au milieu de la deuxième travée.
Cet appui de communion, composé de deux balustrades de marbre rouge, est placé de chaque coté de l’entrée du sanctuaire. L’ensemble repose sur un agenouilloir de pierre et d’un marchepied de marbre rouge. Cette table de communion, exécutée en 1718, est l’œuvre de Pierre Maignan maître marbrier à Caunes-Minervois (Aude) où se trouve des carrières de ce beau marbre rouge.
Cette ville a fourni, en marbre, le château de Versailles et surtout le grand Trianon, Marly et l’Opéra de Paris. Lors de la réfection du carrelage, en 1989, et de la remise en place du retable, la table de communion est déplacée au niveau du deuxième arc doubleau.
Figure 4 : Table de communion, 1718, Pierre Maignan.
En 1720, les marguilliers décident de plafonner le chœur. Les travaux furent confiés à Rodière, charpentier à Lasbordes, qui entrepris le soubassement du plafond. Ce dernier fut blanchi comme les murs du chœur (ce plafond fut restauré en 1824).
A la fin du XVIIIème siècle, c’est au tour du pavage du sanctuaire, de la nef et des chapelles d’être remanié. A l’origine, il semblerait que l’église était pavée de pierres et de briques. Les travaux sont entrepris en 1781 par Malrieu, maçon à Lasbordes. Il commença par enlever l’ancien pavage, puis on fit transporter des briques rouges de Castelnaudary par charrettes pour carreler l’église. Le porche fut dallé avec des pierres de récupération provenant de la nef et du Cammas de la gleizo. La pose du carrelage de l’église entraîna des travaux supplémentaires. Il fallait mettre les chapelles au même niveau que le sanctuaire (de la hauteur d’une marche ). En effet, les chapelles du Christ et de Saint Eutrope se trouvant en partie dans le sanctuaire sont mises à la hauteur de ce dernier. De plus, la grille de fer forgé qui fermait la chapelle du Christ est déménagée à la chapelle de la Vierge. Il fallut commander à Gommard, maître ferrurier à Castelnaudary, deux grilles de fer : une pour la chapelle du Christ et l’autre pour celle de Saint Eutrope pour avoir un plan régulier avec la balustrade en marbre. Ces travaux entraînèrent des frais supplémentaires, les marguilliers, manquant de fonds, firent appel au consul maire de Lasbordes, Etienne Arcis, pour avancer l’argent nécessaire au payement des grilles. Le maire paya lui-même la balustrade de fer à condition qu’il obtienne une chaise à vie dans la chapelle de Saint Eutrope
Quant à la grille de la chapelle du Christ, elle sera payée par le produit de la vente des vieilles briques et pierres du sol de l’église.
La chapelle des Agonisants a reçu une grille de fer forgée en 1789, œuvre de Gommard de Castelnaudary.
LES RESTAURATIONS DU XIX EME SIECLE
Figure 5 : Intérieur de l’église de Lasbordes vers 1910.
En 1853, le conseil de fabrique décide de plafonner l’église à la demande des habitants de Lasbordes car l’édifice est très froid. En effet, seul le sanctuaire est plafonné, le restant de la nef est constitué d’une voûte lambrissée peinte en bleu et ornée de motifs.
Le montant des travaux de plafonnement est trop élevé pour les fonds du conseil de fabrique qui demande de l’aide à la commune et au gouvernement. Entre temps, monsieur Estève, propriétaire des Masquières à Lasbordes demande l’autorisation au préfet de l’Aude de rembourser à la fabrique de l’église de Lasbordes la somme de deux mille francs, capital de la rente annuelle de cent francs à cet établissement provenant du bien des Masquières. A l’achat de cette propriété, monsieur Estève a eu la charge de payer tous les ans la rente en vertu du legs testamentaire du marquis de Raymond-Lasbordes du 17 octobre 1823. Il faut savoir que la rente portait sur le domaine des Masquières, ancienne propriété du marquis. Mais cette somme ne sera pas suffisante pour payer les travaux de plafonnement de l’église. Une aide de mille trois francs est demandée au préfet qui dispose des fonds départementaux. Le projet fut accepté.
En 1856, sur les plans de l’architecte Laroque, Antoine Gélis, plâtrier à Carcassonne, exécuta quatre voûtes dites à la« Philibert Delorme »en harmonie avec les arceaux gothique. Une structure de bois formant la surface des voûtes est enduite de plâtre avec un cul de lampe aux intersections des arêtiers. Les murs de l’église sont plâtrés et sur le pourtour est posé un lambris en planche de bois de chêne verni au pinceau.
En 1881, la municipalité décide de refaire entièrement les enduits au plâtre blanc des murs intérieurs de l’église ainsi que les murs et les voûtes de la chapelle de Saint Jean Baptiste et de la sacristie.
En observant la toiture de l’église, on s’aperçoit que la pente est très inclinée. Cet état présentait un énorme inconvénient car les tuiles glissaient continuellement provoquant ainsi des gouttières.
En 1845, la toiture se trouve dans un état alarmant et dangereux pour les habitants. La commune entreprend la réparation du couvert en changeant les poutrelles pourries. Trente cinq ans plus tard, en 1880, les gouttières sont encore plus nombreuses occasionnant le pourrissement des planches de la volige. Le conseil municipal décide de remplacer les pièces de bois abîmées par des neuves et de changer les tuiles canal. Les couvreurs procéderont au clouage des tuiles inférieures pour ne pas qu’elles glissent et choisiront des tuiles de forme régulière et parfaitement cuites fabriquées dans l’atelier lasbordais des frères Guiraud. Un clocheton en pierre de taille surmonté d’une croix se trouvait sur le mur de la chapelle Saint Eutrope. Causant de nombreuses gouttières, il est déplacé sur le pignon du mur du chevet. Il s’y trouve toujours.
En 1936, la toiture de l’église est en très mauvais état, les planches en bois sur lesquelles sont posées les tuiles sont presque toutes pourries. La chute de certaines parties de la toiture risque d’endommager les voûtes. Le conseil municipal s’étant ému de cet état décide de remettre la toiture en état et de faire accrocher les tuiles avec des crochets galvanisés pour éviter les glissements occasionnés par une trop forte pente. Toutes les pièces de bois pourries sont changées. Les gouttières ayant maculé le plafond et dégradé les voûtes des chapelles, les enduits au plâtre sont refaits et l’intérieur de l’édifice est peint en blanc.